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Du Moyen-Age à la Revolution

Du Moyen Age à la révolution

Différents documents du Moyen Âge attestent de la présence de Communautés Juives dans ce qui va devenir la Seine-et-Marne. Les Historiens citent les villes suivantes qui auraient abrité une Communauté: Meaux, Lagny, Provins, Melun, Livry-sur-Seine, Bray-sur-Seine, Foljuif, Nemours, Château-Landon, Brie-Comte-Robert, Montoix, Pontault-Combault, Nangis, Lizy-sur-Ourcq, Coulommiers, Montereau-fault-Yonne, Donnemarie-en-Montois et Herbeauvilliers. Il est fort possible qu’il y eut des juifs dans la léproserie de Samois mais il n’y a jamais eu de communauté à Avon, Paroisse Royale, et encore moins à Fontainebleau qui n’existait pas encore.

Dans la première moitié du XIXème siècle, le Grand Rabbin Lazare Wogue raconta l’histoire d’un Juif Errant à la Roche qui pleure près de l’Ermitage de Franchart. Une légende prétendait que le Comte de Saint Germain soit disant né en Palestine avant Jésus-Christ et réincarné sous Louis IX, fut frappé, vers les gorges de Franchart, par un bruit argentin de l’eau s’égouttant régulièrement il ne savait d’où: c’était un juif errant qui pleurait!…. Presque aussitôt, une voix éclatante se fit entendre, qui criait: Marche, Marche!…. Le Juif Errant disparut et, par enchantement céleste, le rocher qu’il avait arrosé de ses larmes se mit à pleurer à son tour. Informé du phénomène, Saint-Louis purifia la forêt en y fondant un hôpital et deux chapelles, et depuis lors le Juif Errant n’apparaît plus jamais à personne.

Aujourd’hui la « Roche » ne pleure plus, en effet cette eau « amère et roussâtre » comme disait l’abbé Guilbert, dégoulinait de la Platière, et la croyance populaire lui attribuait le pouvoir de fortifier la vue des jeunes enfants et de guérir des maux d’yeux en général. Paul Domet raconte qu’au siècle dernier, les jeunes mères y baignaient le visage de leur nouveau-né, lors du pèlerinage de Franchart le mardi de la Pentecôte.

Avec la dernière expulsion de 1394, il n’y a plus de Communautés Juives établies en Terre de France. Pourtant, dans cette région de Brie et de Gâtinais, qui allait former la Seine-et-Marne, au gré des favoris et pour d’autres raisons, certains juifs et certains écrits hébraïques graviteront autour de la Cour Royale. Outre Joseph Orabuena à Nemours, François 1er, qui développa et embellit Fontainebleau, eut un médecin juif originaire de Constantinople en 1538. Il est aisément imaginable qu’il l’emmena avec lui durant ses séjours à Fontainebleau. Le médecin juif le plus connu qui soit venu dans cette cité royale est sans conteste : Elie de Montaldo. Elie de Montaldo, juif espagnol, était le médecin personnel de Marie de Médicis et soigna le futur Louis XIII. D’après certains recoupements historiques, cette scène se passa à Fontainebleau car Jean Héroard, médecin de Louis XIII, notait dans son journal: »…. Le Dauphin lui dit:  Parlez, docteur, parlez, docteur de la Palestine… ». Elie de Montaldo eut l’autorisation du Pape Paul V et de Marie de Médicis de pratiquer officiellement le Judaïsme en France. L’histoire d’Elie de Montaldo est également connue par le biais du procès en sorcellerie de la « Galigaï », femme de Concini, Duc d’Albe. Elie de Montaldo meurt à Tours et son corps fut enseveli dans le cimetière juif d’Amsterdam. Il est également possible que le Médecin marrane Isaac Orobio de Castro séjourna près de la cour lors de ses séjours bellifontains avant de revenir au Judaïsme en Hollande.

En ce qui concerne le matériel religieux juif, la bibliothèque royale de Fontainebleau possédait de nombreux manuscrits hébraïques avant sa réunification à la Bibliothèque Nationale. La Reine Christine de Suède en quittant Fontainebleau, laissa-t-elle quelques livres en caractères hébraïques qu’elle avait oublié? Christine de Suède, batailleuse, coléreuse, emportée mais remarquablement intelligente, parlait huit langues et en comprenait onze. Pour être libre de ses actes, elle avait abdiqué et adjuré le protestantisme. En 1657, Christine de Suède se trouvait à Fontainebleau et y reçut des mains du célèbre savant chrétien Gilbert Gaulmin , qui habitait Moulins, plus d’une centaine de manuscrits hébraïques. L’abbé Antoine Guénée, qui meurt à Fontainebleau en 1803, était l’auteur des « Lettres de quelques juifs portugais, allemands et polonais à M. de Voltaire ». Bien avant l’abbé Grégoire , il fut un philosémite convaincu et un sioniste avant la lettre. Louis XVIII et son frère firent édifier une stèle en marbre blanc à l’Abbé Guénée dans l’hôpital de Fontainebleau en mémoire de leur maître.

Dès le début du XVIIIème nombre de juifs sillonnèrent certaines régions de la France pour le ravitaillement de l’Armée notamment Cerfbeer. D’autres, amuseurs publics ou fripiers, suivaient la Cour dans ses déplacements. Un certain Lévy de Ferrare, bien que muni d’un passeport du Duc de Lorraine, fut arrêter sur la route de Fontainebleau. Mais ceux qui laissèrent durablement leur nom furent Assure Mayer, et Samuel Lévy. Assure Mayer, arrivé à Paris vers 1745, était le facteur de l’électeur de Cologne. Venant récupérer des créances pour son maître , il courut de Versailles à Fontainebleau mais son travail terminé il resta à Paris. Salomon Lévy, banquier alsacien, fit de nombreux trafics avec le financier John Law au Château de Guermantes.

Mais quelquefois des juifs venaient en Ile-de-France pour d’autres raisons telle: « s’intégrer dans la société française en se convertissant au Christianisme ». Plusieurs cas sont cités à travers différentes archives, notamment David Lyon, meunier à Meaux s’était converti depuis 1793 et s’était marié avec Marianne Pélagie Le Ken en septembre de la même année. Léon Kahn précisait dans « Les Archives Israélites » de 1892 que le 12 Juin 1757 une jeune fille juive, originaire de Constantinople, voulut se faire instruire dans la religion catholique par les Soeurs de la Charité de Fontainebleau.

Cerfberr passa plusieurs fois à Fontainebleau notamment en 1783 pour demander par écrit l’abrogation du Péage Corporel imposé aux juifs depuis le Moyen-Age. Si ce décret d’abolition fut signé par le Baron de Breteuil, c’était sur une proposition de Malesherbes qui avait réuni une commission de notables juifs sur ce sujet. En 1787, revenu aux affaires, Malesherbes rédigea un mémoire qui déboucha sur l’Edit de Tolérance pour les cultes non catholiques. L’émancipation des juifs étaient dans les cartons mais la Révolution arriva….

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